Grande randonnée

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13 août 2009

Steirische Kalkalpen

Du 12 au 21 juillet 2009, randonnée dans les "Steirische Kalkalpen", de Rottenmann (Steiermark) à Puchberg (Nierderösterreich). Nous voici de retour dans le Steiermark durant cet été 2009 afin de terminer si tout va bien notre traversée des Alpes. Seul l'itinéraire est plus ou moins défini; tout le reste est à l'aventure et se fera sac au dos. Au fil des années le sac s'est allégé, il ne pèse pas plus de 7-8 kg. La tente, les ustensiles de camping et les matelas sont restés à la maison. Cela permet de marcher léger.

Käserschloss Tour de chauffe
Dimanche 12 juillet 2009, de Rottenmann à Johnsbach en passant par Oberst Klinke Hütte et Mödlingerhütte. Etape de transition entre les basses tours de l'année passée et les aples calcaires de Styrie.


Gesäuse
Lundi 13 juillet 2009, de Johnsbach à Radmer an der Stube en passant par Hesshütte et au pied du Lugauer. Une superbe étape en partie dans le parc national Gesäuse dont la Hesshütte (http://www.hesshuette.at/) est l'un des rares refuges. Les montagnes sont très similaires à ce que l'on trouve dans les préalpes fribourgeoises. Le passage au pied de l'énorme face calcaire du Lugauer est impressionant.
Hess Hütte


Autoroutes forestières
Mardi 14 juillet 2009, de Radmer an der Stube à Eisenerz. Nous randonnons une grande partie de la journée sur des pistes forestières. Le Steiermark est constitué de milliers de petits vallons couverts de forêts d'épicéa. L'esploitation forestière est souvent intensive et rendue possible par des pistes forestières qui ressemblent beaucoup plus à des autoroutes pour 40 tonnes qu'à des chemins de débardage pour véhicule tout-terrain. Pour le randonneur, ces autoroutes forestières sont ennuyeuses, interminables et inconfortables: une pente très faible, un chemin de 6 mètres de large, trois gros camions de bois dans la journée. Cela monte peu, descend à peine, fait des énormes lacets. Très bizarrement, la grande majorité de ces routes forestières sont interdites au VTT. Est-ce qu'un vélo abime plus la route qu'un camion de 40 tonnes? Est ce une question de sécurité, mais alors quels sont les risques? Est-ce simplement une question de mentalité? Nous n'avons pas trouvé la réponse.
Radmer an der Stube Exploitation forestière

Montagne dépecée
Mercredi 15 juillet 2009, de Eisenerz à Sonnschienhütte. Au dessus de Eisenerz la montagne a été découpée par l'exploitation du minerai de fer. Sur plus de 500 mètres de hauteur, la roche a été taillée puis transportée dans des aciéries: un travail titanesque, des escaliers démesurés; Gulliver au pays des géants. Le chemin d'aujourd'hui monte dans une vallée reculée et devient de plus en plus sauvage. La Sonnschienhütte est un refuge certes idéalement situé mais pas extrêmement accueillant.
La mine de Eisenerz

Hochschwab
Montée vers le Hochschwab Jeudi 16 juillet 2009, de Sonnschienhütte à Seewiesen, en passant par le sommet du Hochschwab et Schiestlhaus. Cette étape va figurer dans le top 10 de notre traversée des Alpes (... il y a déjà bien 40 étapes dans le top 10, mais on trouvera encore une petite place ...). Superbe chemin par le sommet du Hochschwab avec ses 2277 mètres puis pause gastronomique au Schiestlhaus, refuge flambant neuf installé près du sommet, une construction intelligente qui se chauffe de manière passive grâce à sa grande fassade vitrée orientée vers le soleil (http://www.schiestlhaus.at). Suit une longue descente vers Seewiesen.
Schiestlhaus Descente vers Seewiesen

Pélerinages vers Mariazell
Veitschalpe Vendredi 17 juillet 2009, de Seewiesen à Graf Meran Hütte. A la Graf Meran Hütte se trouvent des groupes de pélerins provenant de Graz et se rendant à Mariazell en 4 jours de marche, un pélerinage devenu extrêmement populaire dans cette région de l'Autriche. Un des participants effectue son 30ème pélerinage toujours par le même chemin; un autre revient du sommet de la Veitschalpe car son groupe est en train de célébrer une messe au sommet et ils viennent de constater qu'ils ont oublié le vin.

Points jaunes
Samedi 18 juillet 2009, de Graf Meran Hütte à Neuberg an der Mürz. La météo annonce des orages pour la journée, par conséquent nous partons du refuge avant 7 heures. Le gardien nous a dit que la descente vers Neuberg est très simple: il suffit de suivre les points jaunes récemment mis en place pour une course. Effectivement, ces points jaunes sont très utiles dans le brouillard qui s'installe peu à peu.

Tout va pour le mieux jusque vers 10 heures lorsqu'un violent orage débute. Des éclairs partout, des coups de tonnerre, des vents violents font danser les sapins; nous sommes sur une crête dans la forêt et ce n'est pas rigolo. En 15 minutes, nous sommes trempés, la tempête se déchaîne de plus belle. Si je sors la carte du sac par ce temps, elle sera transformée en papier de toilette en quelques secondes; on suit les points jaunes. Les chemins de randonnée sont numérotés et lors de la pause de 9 heures, j'ai bien vu que nous devons à un certain moment quitter le chemin no 401 pour prendre le 481. Par chance, les points jaunes continuent sur le chemin 481, on les suit.

L'eau ruisselle partout, il tombe des cordes, les orteils baignent dans leur jus et des bruits de machine à laver sortent de nos souliers. Après plusieurs heures de marche, on se pose des questions: on devrait être arrivé depuis longtemps, mais il est très difficile de savoir exactement où l'on se trouve dans le dédale des forêts du Steiermark. Vers 13 heures 30, on arrive enfin à une ferme isolée. Des gens nous renseignent: nous avons fait fausse route, nous sommes bien sur le chemin 481 mais dans le mauvais sens, il faut revenir un sacré bout en arrière. Ces points jaunes sont le parcour d'une sorte de marathon, il fallait les quitter à un certain moment.

Au total, nous avons fait un détour de 5 heures de marche sous une pluie battante et sans pause. Je crois que nous n'avons jamais été aussi crevé que ce jour-là. Nous arrivons épuisés à Neuberg an der Mürz.

D'une auberge à l'autre
Dimanche 19 juillet 2009, de Neuberg an der Mürz au Almgasthof Moassa. L'hôtel de Neuberg an der Mürz était sensationnel: une patronne accueillante, une chambre impeccable, un souper extraordinaire, un déjeuner excellent (http://www.hubertholzer.com). L'étape de hier a été digérée en dégustant la cuisine subtile du chef surclassant de loin les habitudes culinaires régionales. Au lieu de la montée prévue sur la Schneealpe, nous faisons une courte étape jusqu'à l'auberge de montagne Moassa (http://www.moassa.at).


Montagne des viennois
Lundi 20 juillet 2009, du Almgasthof Moassa à Weichtalhaus en passant par la Heukuppe. Superbe étape de montagne. A la montée vers la Heukuppe, un groupe de chamois peu farouches se laisse approcher à quelques dizaines de mètres. Après le refuge Ludwig Haus, le chemin devient nettement plus fréquenté: on se rapproche de la Raxalpe, but d'excursion prisé par les viennois. Enfin la descente par le Wachthüttlkamm est spectaculaire, on commence à comprendre le sens des panneaux d'avertissement plantés avant la descente et qui mentionnent "Schwindelfreiheit erforderlich" et "Nur für geübte" (traduction: "Personnes sujettes au vertige s'abstenir" et "Seulement pour randonneurs expérimentés"). Mais le chemin est bien sécurisé avec des cables et un grand nombre d'échelles; la descente est physique mais se passe sans problème.


Le point d'orgue
Hochschneeberg Mardi 21 juillet 2009, du Weichtalhaus à Puchberg en passant par le sommet du Hochschneeberg. L'étape d'aujourd'hui est le point d'orgue de notre traversée des Alpes. Nous avions déjà marché de Vienne jusqu'à Puchberg au printemps 2005. En reliant le Weichtalhaus à Puchberg, cette 125ème étape est ainsi la dernière de notre périple. Avec du recul, on constate que l'on peut effectuer le trajet Nice - Wien en quelques heures en avion. Mais si l'on veut voir quelque chose, il faut aller à pied et répartir ce trajet sur 8 ans. Comme souvent à la fin d'une randonnée, on est à la fois heureux et tristes: les souvenirs s'empilent, les impressions se mélangent, les montagnes se relient les unes aux autres. Pour nous une chose est certaine: nous sommes autant européens que suisses. Les chaînes de montagne relient les gens plus qu'elles ne les séparent, il suffit de les parcourir.