Grande randonnée

La page de TotoLeMarcheur, de Weitwanderin et autres invités

22 juillet 2005

Ötztaleralpen

Du samedi 16 juillet au vendredi 22 juillet 2005, traversée sac au dos des Ötztaleralpen, de Nauders à la Dresdner Hütte.



Les chemins du Tirol autrichien touchent le ciel. Durant cette semaine, nous avons franchi 4 cols à 3000 mètres. Une petite nunance est nécessaire: les chemins ne sont pas toujours faciles et quelques passages sont exposés. Mais les chemins de randonnée passent tout près des sommets des Ötztaleralpen. C'est spectaculaire!

Le touriste se sent très bien au Tirol. Il est accueili partout avec le sourire et les restaurants ne poussent pas à la consommation. La qualité des refuges varie entre le "pas terrible" et le "parfait". Sur ce sujet aussi, la semaine a été très variée.



Tscheyjoch

Samedi 16 juillet 2005, de Nauders à la Hohenzollernhütte. Sur la route du Reschenpass reliant la vallée de l'Inn et l'Italie se trouve Nauders, tranquille petit village Tyrolien perdu au fond de l'Autriche. Un peu de tourisme mais pas trop, un peu d'agriculture mais pas trop, un peu de transit mais pas trop. Un joli village soigné, des fleurs aux fenêtres.

Fontaine à Nauders Indicateurs de chemins de randonnée installé par le DAV (Deutscher Alpen Verein). Les allemands sont très présents au Tyrol

Le chemin de Nauders à la Hohenzollernhütte est peu marqué, il faut parfois le chercher et nous n'avons croisé personne durant cette journée de marche.

Le village de Nauders, proche de la frontière Autriche, Suisse, Italie, sur la route du ReschenpassLors du passage du ruisseau "Nauderer Tscheybach", le temps devient orageux. De gros nuages noirs se trouvent de l'autre côté de la vallée et les coups de tonnerre se suivent. Il commence à pleuvoir durant la montée du Jägersteig. L'endroit est escarpé, le chemin est très étroit et il devient glissant: c'est un moment difficile. Par chance l'orage se calme au sommet du Jägersteig. La traversée puis la descente vers la Hohenzollernhütte se fait dans des conditions acceptables.

Nous nous arrêtons pour la nuit à la Hohenzollerhütte, une vieille cabane en bois. Le gardien connaît bien Fribourg: il y a travaillé dans les forêts après l'ouragan Lothar. C'est une soirée musicale avec orchestre champêtre...

En descendant du Tscheyjoch, vers le Nauderer Tscheytal Au centre de l'image, la Hohenzollern Hütte



Roter Schragen

Dimanche 17 juillet 2005, de la Hohenzollernhütte au Gepatsch Haus. La nuit a été longue. Parmis les joyeux fêtards se trouvait un ronfleur gargantuesque que j'ai bombardé de coups de coussins durant une bonne partie de la nuit, sans grand effet, puisque le moteur refusait de s'arrêter. Puis vers 5 heures du matin, une équipe de montagnards s'est levée en faisant du chahut. Nous n'avons pas beaucoup dormi.

Zollhütte, dans la vallée au-dessus de la Hohenzollern Hütte Durant la montée vers le Roter Schragen, regard en arrière sur la moraine du Hüttekar

Le col d'aujourd'hui s'appelle Roter Schragen, ce qui signifie le collet rouge: c'est la couleur du rocher. On se trouve en haute montagne puisque le col avoisine les 3000 mètres. La montée se fait sur un bon chemin au pied du Glockturm, passablement escarpé sur les derniers mètres dans les rochers. Le début de la descente est très raide dans des éboulis instables. Pas de cable, pas de chemin, droit bas dans les cailloux, ce qui n'est pas sans risque. Il nous aura fallu trois quarts d'heure pour parcourir les 200 premiers mètres.

Dans le Kaiserbergtal, vue en arrière sur le Roter Schragen (le col au centre de la photo) Pause en compagnie des marmottes

Le Kaiserbergtal est une petite vallée oubliée, un beau coin sauvage. Au fond de la vallée se trouve une "Jausenstation", c'est le nom autrichien pour une buvette d'alpage. L'accueil est très sympa et les prix sont très corrects. Un chemin d'altitude nous permet de survoler le lac artificiel. Comme le Gepatsch Haus est plein, nous plantons la tente à proximité.


Ölgruben Jöchl

Lundi 18 juillet 2005, du Gepatsch Haus à Mittelberg. Quelle magnifique étape! C'est notre troisième jour de marche dans les Ötztaleralpen et nous nous trouvons à nouveau sur un chemin solitaire, éloigné, sauvage et splendide. Durant les 6 heures de trajet entre Gepatsch Haus et Taschach Haus, nous avons croisé une seule personne avec un chien.

Gepatschhaus Durant la montée vers le Ölgruben Jöchl. La grande montagne au centre est le Glockturm

Le parcours est certes exigeant, le col est à plus de 3000 mètres, nous sommes dans les moraines et les cailloux une grande partie de la journée. Il fait horriblement chaud. Nous arrivons au Taschach Haus vers 3 heures de l'après midi. Nous avions prévu y passer la nuit, mais c'est un peu tôt pour s'arrêter, nous allons descendre jusqu'à Mittelberg et ainsi dormir dans une vraie chambre. Le gardien qui est un vrai businessman nous réserve une chambre dans l'hôtel familial.

Descente dans le Taschachtal. Le grand sommet est la Wildspitze, 3768 mètresLa descente est humide, il pleut une gentille pluie fine. Le chemin est encore long jusqu'à Mittelberg. L'hôtel se trouve à Mandarfen, tout près du départ de la télécabine vers le Riffelsee.



Braunschweiger Haus

Mardi 19 juillet 2005, de Mittelberg au Braunschweiger Haus. Ce matin, il pleut sur Mittelberg. Après un long petit déjeuner, la pluie cesse mais le ciel reste bas. Nous nous mettons en route à passé dix heures. La montée au dessus de Gletscherstübele est impressionante: le chemin serpente parmis d'énormes rochers noirs polis par les glaciers. Il prend de la hauteur accroché à la montagne. Puis nous entrons dans le brouillard jusqu'au refuge.

Devant le Braunschweiger Haus, le glacier Mittelberg FernerLe Braunschweiger Haus porte bien son nom: il s'agit véritablement d'une maison et non d'une cabane. C'est un bâtiment relativement vieux, mais très bien bâti, les couloirs sont larges, la salle de séjour est spacieuse. Il y a même des chambres doubles, ce qui est incroyable à plus de 2700 mètres! Décidément, les allemands du Deutscher Alpen Verein ont bien fait les choses.

Comme il est encore tôt dans l'après midi, nous nous mettons en route dans le brouillard avec l'idée de passer le col aujourd'hui. Durant une heure, le chemin est bien marqué. Puis sur une crête dans le brouillard, nous hésitons. Des marquages indiquent une descente sacrément raide sur des cailloux instables. Un bout plus bas, cela devient dangereux. Le brouillard est épais. Nous décidons de retourner au Braunschweiger Haus et d'y passer la nuit. On reviendra demain matin avec le soleil.

Braunschweiger Haus, 2758 mètres, refuge du DAV (Deutscher Alpen Verein), une vieille maison extraordinaire, des chambres à deux lits, un séjour aux boiseries ouvragées, des gardiens en costume tyrolien...Il reste de la place dans le dortoir d'hiver, Regula s'y installe. Pour ma part, devenu allergique aux dortoirs, je vais planter la tente à quelque distance du refuge. Perdu dans le brouillard à 2750 mètres d'altitude, il ne fait pas chaud. L'ambiance est spéciale: les esprits de la montagne lancent leurs cris d'eau et de vent... Mais au fait, le rocher sur lequel se trouve la tente est il vraiment solide ?


Pitztaler Jöchl

Mercredi 20 juillet 2005, de Braunschweiger Haus à Sölden

En sortant de la tente le matin...Ce matin en sortant de la tente, la vue est grandiose, pas un seul nuage, l'atmosphère est lavée. Il a neigé sur les sommets avoisinants. Sur la partie supérieure des glaciers, le gris de la glace a fait place à une blancheur sans tache. La nuit a été fraîche, il ne fait pas chaud. Durant le petit déjeuner, la chaleur du refuge est particulièrement appréciée.

Wildspitze, 3768 mètres. En bas à droite, le refuge Braunschweiger HausHeureusement que nous sommes retourné au Braunschweiger Haus hier en fin de journée. Sur la crête dans le brouillard, nous avions pris le mauvais chemin, nous nous étions embarqué dans une descente infernale, un truc casse-geule. Le vrai chemin du Pitztaler Jöchl serpente dans les rochers avant d'arriver au col.

Depuis le Pitztaler Jöchl, regard en arrière vers le RiffelseeDe l'autre côté, le chemin descend vers Hochsölden, station réputée où ont lieu chaque année les premières compétitions automnales de la coupe du monde de ski. Partout le slogan "Think big, think Sölden" dont la meilleure traduction serait: "Ici nous aménageaons la montagne à grands coups de buldozer".

La preuve que Sölden est un joli village...Au fond de la longue descente, le très joli village de Sölden. Pas d'immeubles moches, mais des jolies maisons avec des géraniums aux fenêtres.



Hildesheimer Haus

Jeudi 21 juillet 2005, de Sölden à Hildesheimer Haus. Si l'on monte depuis Sölden direction Vent, puis en continuant au fond de la vallée, on arrive à l'endroit où se trouvait Ötzi, la momie de l'homme préhistorique enseveli dans la glace. Comme la momie se trouvait à cheval sur la frontière Italie-Autriche, à quel pays appartient elle? Voici une opinion tirée de Wikipedia:
"Ein Italiener war er nicht, denn er hatte Werkzeug bei sich. Er kann auch kein Österreicher gewesen sein, denn man hat Hirnreste gefunden. Vielleicht war es ein Schweizer (Berner), schließlich wurde er vom Gletscher überholt. Aber vermutlich war er ein Deutscher, denn wer geht schon mit Sandalen ins Hochgebirge?"


Windachtal De vieilles granges au hameau de Fiegl

Aujourd'hui nous effectuons le plus beau dénivellé positif de la semaine: 1550 mètres de montée entre Sölden et Hildesheimer Haus. A proximité immédiate de Sölden, le Windachtal est une vallée épargnée par le tourisme de masse. Faisant frontière avec l'Italie, le fond de la vallée est accessible à pied. Pas de trafic, un joli ruisseau sauvage, quelques refuges de haute montagne, des beaux sentiers, le bout du monde...

Sur le chemin en montant vers Hildesheimer Haus Hildesheimer Haus avec ses façades en bardeau

Hildesheimer Haus est un nid d'aigle perché à 2900 mètres sur un bout de rocher. C'est le plus beau refuge que nous avons vu à ce jour avec des chambres doubles et une salle de séjour en bois sculptée. La façade est en bardeaux de grande taille, ce qui donne de loin une couleur étrange. La situation est incroyable: la terrasse vertigineuse est au bord d'un précipice de plusieurs centaines de mètres. A cette altitude, il n'y a pas de végétation, on se trouve dans les cailloux. Le refuge est isolé à l'écart des grands chemins touristiques. Celui qui y monte est un connaisseur savourant la montagne.


Eisjoch

Vendredi 22 juillet 2005, de Hildesheimer Haus à la Dresdner Hütte.

Sommets des Stubaier AlpenC'est le dernier jour de marche de l'été 2005 au Tyrol. L'étape est courte mais importante. Lors de la définition de l'itinéraire à la maison, cette étape était chargée d'inconnues car elle traverse des glaciers sur environ 2 kilomètres. Notre but est de traverser les Alpes sans guide sur des chemins de randonnée et nous évitons les glaciers comme la peste. Mais pour éviter ce bout de chemin, nous aurions dû contourner les Stubaier Alpen: cela aurait signifié environ une semaine de marche supplémentaire. D'autre part, les glaciers en question sont relativement plats sur la carte. Une semaine de marche contre deux heures de glacier, on a décidé de tenter la traversée.

Au bureau des guides de Sölden, un vieux monsieur nous a assuré que ce chemin ne présentait aucune difficulté pour des marcheurs aguerris. Même son de cloche au refuge où le chef nous a affirmé que ce glacier est inoffensif. Il s'est même donné la peine de baliser le chemin avec des piquets.

A côté de la station de télécabine se trouve la Dresdner Hütte. Au milieu de l'image, le prochain col direction Sulzenau HütteSur place, ces glaciers ressemblent à des gros névés n'ayant rien en commun avec les crevasses du glacier d'Aletsch. La traversée s'est passée sans problème. La descente de l'autre côté du Eisjoch nous a tout de même réservé une surprise: il y a des télécabines et c'est une station de ski d'été. Il a fallu descendre au milieu des skieurs en plein mois de juillet: dépaysement garanti.

Voilà, la Dresdner Hütte est au bout de ce périple de l'été 2005 au Tyrol. L'année prochaine, on partira d'ici, la prochaine étape est déjà en vue...